Écrire pour les autres, et qui plus est leur biographie est une attention délicate. Nous rentrons par une porte qui n’est pas celle qu’empruntent les amis ou les voisins, nous ne sommes pas celui ou celle qui vient en visiteur, nous sommes là pour raconter la vie.

Il faut à mon sens en mesurer toute l’importance, il faut prendre conscience que celui ou celle qui se livrera, va en quelques heures nous dévoiler ce qu’il n’osera peut-être jamais évoquer à d’autres. Cette intrusion dans la vie d’autrui ne s’improvise pas. Etre écrivain est une chose, être biographe en est une autre.


C’est en cela que j’aime aussi ce genre d’écriture, parce qu’il y a la rencontre, la sensibilité, les émotions livrées telles qu’elles ont été vécues. Un auteur écrit avec ce qui l’entoure, avec sa perception du quotidien, un biographe écrit d’abord avec ce que l’autre lui renvoie, il sait donner la forme la plus proche de ce qu’il a su écouter et ressentir.

Avec les mots de l’autre, il écrit la vie de l’autre, et le récit doit laisser voir toutes les images d’une vie ou d’un bout de vie dans laquelle on lui a permis d’entrer. Il y met son style mais il doit faire en sorte, qu’à la lecture, l’autre puisse se reconnaître, non pas s’identifier, mais voir défiler devant lui sa vie, son histoire


Marguerite Duras écrivait dans “Écrire”

"C'est curieux un écrivain. C'est une contradiction et aussi un non-sens. Écrire c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. C'est reposant souvent, un écrivain, ça écoute beaucoup."

“Ça écoute beaucoup”... Oui ça écoute tout, ça observe, ça sent, ça goûte... C’est curieux un écrivain. L’acte d’écrire est un acte de solitude, mais avant la solitude il y a ce besoin de sentir que la vie autour existe, qu’elle s’écoule, qu’elle s’éparpille, qu’elle s’agite.

On n’écrit pas sans rien, on écrit avec ce qui nous entoure avec nos émotions, nos peurs, nos états d’âme.


Est-ce que pour vous, être auteur, signifie obligatoirement avoir été publié chez un éditeur ? Ou bien est-ce que le fait d'écrire « des récits de vie » suffirait à vous convaincre de me rencontrer ?


Raconter la vie qui nous entoure, retranscrire une parole, une vie, rencontrer des gens et leur donner l'occasion de dire des choses, ce n'est pas seulement un métier, c'est le plaisir de donner à entendre, de prendre le temps d'écouter et surtout de savoir réécrire la parole en respectant cette intimité qui nous est confiée.

Ce que j'affectionne le plus c'est l'écriture issue des paroles des autres. Les témoignages, les récits, les biographies. J'ai un parcours d'écriture très diversifié, mon style varie en fonction des demandes, en fonction des rencontres et en réaction à des sujets ou des évènements.